Moving forward: Mothers fighting for human rights in Burma
http://aproposdelasie.blog.lemonde.fr/2012/06/12/aller-de-lavant-la-lutte-des-femmes-pour-les-droits-humains-en-birmanie/Aller de l’avant: La lutte des femmes pour les droits humains en Birmanie
Par Helen Joe"Toe a ye, toe a ye!"
“Notre cause, notre cause!” Les voix de milliers de femmes s'élèvent de plus en plus fort chaque jour qui s'écoule depuis la prise de pouvoir de la junte militaire en 1962. Indéniablement les femmes ont pris part à la plupart des campagnes contre le régime militaire. La première question qui me vient à l'esprit est la suivante: quelle est la raison pour laquelle les femmes s'impliquent de plus en plus dans la défense des droits humains? Cette première question est rapidement suivie par une seconde: qui garantit leur sécurité au cours de leur combat?
Toutes ne sont pas courageuses à ce point. Se battre pour les droits de l'homme est extrêmement risqué en Birmanie. Qu'est-ce qui pousse ces femmes à risquer leurs vies pour les défendre?
Au sein de la société birmane, les femmes, riches ou pauvres, éduquées ou non, continuent d'être vues comme inférieures aux hommes, ce qui les empêchent de jouir pleinement de leurs droits. Les femmes vivant dans une société patriarcale qui différencie les rôles de genre à l'intérieur et à l'extérieur du foyer sont exclues de la sphère politique. Les femmes birmanes ne font pas exception, et traditionnellement on croit toujours que les femmes sont inférieures aux hommes, peu importe leur communauté ethnique. Une expression birmane bien connue, “Thar ko tha hkin, lin ko hpa ya,” signifie qu'une femme doit respecter son fils comme un maître et son mari comme un dieu. En outre, la junte ayant militarisé la société birmane a marginalisé encore plus la participation des femmes à la vie politique et une grande partie d'entre elles ont été soumises à des violences sexuelles et sexistes orchestrées par le régime.
Certaines femmes ont commencé à s'opposer à ces traditions et ont pris part dans les mouvements de protection des droits de l'homme dans leur pays. A cette époque des milliers d'hommes birmans avaient été emprisonnés ou forcés de fuir le pays après le soulèvement de 1988. Avec compassion et dévouement, les femmes ont supporté leurs familles tout en renforçant la direction du mouvement d'opposition alors affaibli-une entreprise véritablement héroïque.
En Birmanie, les femmes ont toujours été en première ligne des efforts pour combattre l'oppression et promouvoir la démocratie, et leur engagement s'est approfondi et renforcé depuis la fin des années 1990. Elles se sont montrées prêtes à faire face aux autorités et défier les multiples vagues de répression. Elles se confrontent à la police. En dépit du danger, de nombreuses femmes continuent d'aller de l'avant pour protéger les droits individuels et faire progresser le pays vers la démocratie. [...]
Beaucoup ont rejoint le principal parti d'opposition, la Ligue Nationale pour la Démocratie, d'où elles initient des campagnes pour défendre les droits de l'homme, la protection des terres des paysans, pour éliminer le travail forcé etc... Elles sont aussi présentes dans l'aide humanitaire, supportant les familles des prisonniers politiques, les patients atteints du SIDA ou les victimes des catastrophes naturelles.
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“Nous ne demandons pas, mais nous exigeons nos droits, ceux avec lesquels nous sommes nées.”--une activiste
Alors que les femmes s'engagent pour défendre les droits humains, elles doivent également demeurer le pilier de leurs maisons et de leurs familles. [...]
Elles doivent alors faire face à des difficultés supplémentaires, et être prêtes à se séparer de leur famille et de leur communauté pour pouvoir poursuivre leurs activités. Ms Nilar Thein purge actuellement une peine de prison longue de 65 ans, séparée de sa petite fille, pour avoir pris part aux manifestations de 2007. Elle a du laisser sa fille de quatre mois et sa famille pour échapper aux autorités, avant d'être finalement arrêtée le 10 Septembre 2008 et de devenir l'une des 400 femmes purgeant une peine de prison pour avoir défendu la démocratie en Birmanie.
[…]
Le code pénal birman pénalise toute opinion ou assemblée qui exprime des critiques à l'encontre de l'État. Cela rend légal l'arrestation de tous les activistes. Prendre part dans des manifestations pacifiques ou même être en possession de vidéos des manifestations constitue un crime en vertu du code pénal.
De nombreuses femmes ont été inculpées en vertu de l'article 505(b) du code pénal qui interdit la création, publication ou circulation de « toute déclaration, toute rumeur ou tout rapport (...) pouvant provoquer la peur ou l'affolement de la population ou d'une partie de la population et par lesquels toute personne pourrait être poussée à se rendre coupable d'un délit contre l'État ou l'ordre public ». Cet article est manipulé par les autorités qui affirment que les manifestations répandent le chaos.
Les activistes qui ont été arrêtées auraient été torturées alors qu'elles été interrogées. Elles ont reçu des peines de prison allant d'un minimum de 2-3 ans à un maximum de 65 ans. Les prisonniers politiques n'ont pas droit à un procès équitable sous la junte birmane. La plupart des procès sont tenus à huis clos restreignant l'accès du public au tribunal. Les avocats ayant dénoncé les procès non-équitables et l'action des juges et des procureurs sont inculpés et condamnés pour outrage à la cour. Les accusés doivent alors se défendre sans avocat.
Aujourd'hui, après deux amnisties générales déclarées en 2011, plus de 600 femmes restent emprisonnées parmi les 1800 prisonniers politiques.
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Cho Cho Lwin, 37-years-old, est l'une des dix femmes activistes libérées le 17 Mai 2011, après qu'une amnistie ait été déclarée. Auparavant elle était membre de la ligue nationale pour la démocratie. En Septembre 2009, la police l'a arrêtée après qu'elle ait porté plainte contre des policiers l'ayant empêchée de donner de la nourriture à des moines dans un monastère. Son fils était alors âgé de 6 ans et son mari était absent. Le 26 Février 2010, elle fut condamnée à deux ans de prison en vertu de l'article 505 (b) du code pénal. En prison elle dut faire face à de multiples discriminations et fut soumise à des mauvais traitements. Elle dit que ce fut l'expérience la plus dévastatrice de sa vie. Si elle se disputait avec les gardiens de la prison elle était privée de nourriture et de médicaments. [...]
La plupart des prisonniers politiques ne sont pas autorisés à sortir pour se dégourdir les jambes ou faire de l'exercice. Rapidement Cho Cho Lwin se sentit mal à l'aise et commença à suffoquer. Avec d'autres prisonnières, elle demanda à être autorisée à marcher dans les locaux de la prison. Cela lui fut refusé « Vous êtes tous des prisonniers, vous ne méritez pas de faire ce que les autres gens font et vous n'avez aucun droit de soumettre des demandes »
A partir de ce moment là, elles furent surveillées d'encore plus près par les gardes. Même lorsqu'elles se lavaient ou allaient aux toilettes, les gardes les tenaient à l'oeil.
La santé des prisonnières souffre du manque d'hygiène et de service de santé en prison. Lorsqu'elles sont malades, on leur ordonne de se débrouiller elles-mêmes sans leur fournir aucun médicament ni les autoriser à consulter un médecin. Parfois, les gardes eux-mêmes finissent par faire des piqûres aux prisonnières.
« J'ai essayé de prendre soin de ma santé, » dit Cho Cho Lwin. « Lorsque je ne me sentais pas bien, cela influençait mon état d'esprit. Ma famille et mon fils me manquaient. Mais j'essayais de ne pas y penser, sinon je n'aurais pas été capable de dormir. La démocratie était la seule façon de donner la liberté à notre peuple. Je dois me sacrifier pour ça. »
Le 17 Mai 2011, son nom fut inclut dans la liste des prisonniers ayant été graciés. Revoir son fils fut le plus beau moment de sa vie.
[…]
Beaucoup de femmes activistes ont connu des expériences similaires à celle de Cho Cho Lwin en prison. Certaines ont perdu leur propriété ou des membres de leur famille. Après leur mise en liberté, leur situation reste précaire puisqu'elles peuvent être arrêtées à nouveau à tout moment.
C'est ce que dit Su Su Nway, une activiste qui a combattu le travail forcé, quelques jours après avoir été libérée « j'ai pris mon uniforme de prisonnière avec moi parce que je sais que je vais devoir retourner en prison tant qu'il n'y aura pas de démocratie en Birmanie. »
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Helen Joe est une jeune activiste birmane.
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